A propos de la Croix de Guerre remise à la Ville de Liesse après le conflit 1914-1918

1) Sur les origines de la demande de remise de cette décoration à travers des extraits du registre des délibérations du conseil municipal

13 Mai 1923

L’an mil neuf cent vingt-trois, le 13 mai, sous le septennat de M. Alexandre Millerand, Président de la République, et M. Raymond Poincaré, ancien Président de la République, Sénateur de la Meuse, Président du Conseil des Ministres et Ministre des Affaires Etrangères.

M. Charles Reibel, député de Seine & Oise, Ministre des Régions Libérées, après avoir inauguré, à Vervins, le monument aux morts et avoir remis, à cette ville, la « Croix de Guerre », a daigné, à son retour, honorer de sa visite les villes de Montcornet et de Liesse.

Le cortège ministériel qui, outre le Ministre Charles Reibel et Monsieur Emile Roussel, Préfet de l’Aisne, comprenait Messieurs Desjardins, Forzy, Rillart de Verneuil, députés de l’Aisne et M. Nanquette, maire de Laon et Conseiller Général du Canton de Sissonne, arriva à 17 heures 30, place de l’Hôtel de Ville où l’attendaient :

  • le Conseil Municipal au grand complet,
  • les Fonctionnaires,
  • la Subdivision des Sapeurs – Pompiers,
  • l’Union des Anciens Combattants,
  • une grande partie de la population,
  • et la Fanfare Municipale qui entonna la « Marseillaise ».

A l’Hôtel de Ville, après les présentations, M. le Maire le remercia de l’heureuse idée qu’il avait eue de vouloir bien comprendre Liesse dans son itinéraire de retour. Il lui fit part des desiderata de la Commune dont les ruines n’étaient pas encore relevées, puis, avec beaucoup d’à-propos, lui fit ressortir les droits qu’avait la petite cité pour sa conduite durant l’occupation à la distinction accordée à bon nombre de ses semblables, à la « Croix de Guerre » .

M. Nanquette prit ensuite la parole et, dans une improvisation très choisie, il sut faire l’éloge de tous et rendit hommage au Ministre en reconnaissant toutes ses qualités de zélé défenseur des sinistrés, ayant à cœur le relèvement des pays dévastés. Il réclama d’une façon toute particulière que la Loi du 17 Avril 1919 reste dans toute son intégrité et que les paiements permettent de poursuivre la reconstitution intégrale.

M. le Ministre sut répondre très adroitement à ses deux interlocuteurs, en leur promettant de continuer à s’employer, comme il l’a fait jusqu’ici, à la remise en état complet de toute la zone libérée. Il félicita les populations du grand effort et de résultats obtenus aussi bien dans les agglomérations que dans la culture. Il termina en promettant à la Ville de Liesse de s’employer auprès du Gouvernement pour que Liesse reçoive la « Croix de Guerre ».

Sur ces bonnes paroles, M. le Ministre et sa suite serraient les mains des assistants et partaient pour Laon où ils devaient prendre le rapide de 18 heures 25 pour Paris.

2) Monsieur TARDIEU tint ses promesses car, quelques semaines plus tard, dans le Journal Officiel, la ville de Liesse était inscrite sur les listes des médaillées :

1923

Citation de la Commune de Liesse à l'Ordre de l'Armée

Par arrêté en date du 23 Août 1923, le Ministre de la Guerre et des Pensions » cite, à l’ordre de l’Armée, les localités suivantes :
…………………………………
Liesse (Aisne), vaillante commune soumise à de fréquents bombardements qui firent de nombreuses victimes parmi la population. Malgré les dégâts subis, a supporté, sans faiblesse, les misères de l’occupation ennemie, attendant stoïquement l’heure de la délivrance. »

"Journal Officiel du 30 Août 1923"

3) Mais il a fallu quand même attendre 1926 pour concrétiser la remise de la médaille :

Octobre 1926

Conseil Municipal de Liesse

Remise de la « Croix de Guerre » à la Commune

M. le Maire fait savoir aux membres du Conseil Municipal qu’il a reçu, de son collègue de Laon, une lettre lui faisant connaître qu’il sera procédé, le dimanche 10 octobre à 14 heures, sous la présidence de M. André Tardieu, Ministre des Travaux Publics, à la remise de la « Croix de Guerre » à la Commune de Liesse. Il demande au Conseil de donner son avis à ce sujet.

Le Conseil, après avoir délibéré, décide que Mademoiselle Retrain Paule, pupille de la Nation, accompagnée d’une délégation du Conseil Municipal, se rendra à Laon le dimanche 10 octobre pour recevoir, sur un coussin offert par M. Paul Lesage, brodeur à Liesse, la distinction décernée à la Commune et que la réception à Liesse de cette décoration est reportée au 11 novembre 1926.

4) Et quelques jours plus tard :

Le Conseil Municipal de Liesse adresse à M. Paul Lesage, brodeur à Liesse, ses plus sincères remerciements pour le joli et gracieux coussin brodé par lui aux Armes de la Ville et dont il a fait don à la commune pour y recevoir la « Croix de Guerre » qui lui a été décernée.

NOTES COMPLEMENTAIRES :

Monsieur Tardieu était venu à Laon, le 10 octobre 1926, pour inaugurer le pont de Vaux (viaduc routier de la Nationale 2 au-dessus des rails du chemin de fer).
Il l’inaugura en présence de Léon Nanquette, maire de Laon et de M. Javary, directeur de la SNCF (voir la plaque commémorative sur le pilier central de ce pont).
M. Tardieu profita de son passage dans la région pour remettre officiellement les « Croix de Guerre » à la Ville de Laon et à la Ville de Liesse.

1924

Demandes de « l’Union des Anciens Combattants »

M. le Maire donne lecture au conseil, d’une lettre de M. le Président de « l’Union des Anciens Combattants » qui fait connaître que, d’après l’avis unanime de tous les membres de l’Union, il demande l’inscription sur le monument, des soldats omis et, sur une des faces, l’inscription des victimes civiles de la Grande Guerre. Il demande également que la Palme offerte par l’ « Union des Anciens Combattants » soit scellée sur le dit monument.
Le Conseil donne un avis favorable à cette demande.

(Jean PESTEL)

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